Mon premier jour en Inde

…fut l’une des pires journées de ce voyage. Tout a commencé avec un vol de nuit Londres/Delhi comprennant un manque de sommeil et de nourriture. Arrivé a l’aéroport, je me dirige tranquillement vers sa sortie pour etre pris d’assaut par les conducteurs de rickshaws proposant leur tarifs pour un trajet au centre de Delhi: retour direct dans l’aéroport - au calme.

Je me renseigne donc via mon Lonely Planet combien coûte un allé au centre: 100 à 200 roupies. Bon, je me dirige vers un distributeur automatique pour retirer mes premiers roupies (au passage, il est impossible/illégale de se procurer des roupies en dehors de l’Inde) - 3000 roupies, ca devrait me premettre d’aller au centre et me trouver une chambre pour quelques jours et voir comment ca se passe. Je remarque au passage que les distributeurs de billets sont différents ici. En effet, tu insères ta carte puis la retires, tapes ton code pour indiquer combien tu veux retirer, puis annule toute autre opérations. Ok, j’enregistre le processus dans ma cervelle, prend mon butin et me dirige vers le stand de rickshaws. Sur mon chemin je croise un type, lui demande s’il y a un bus publique plutot que les rickshaws (les bus étant moins chers que les taxis ou rickshaws; ca vaut la peine d’essayer).

• “Nan, il n’y a qu’un bus toutes les heures et il vient de partir, tu vas devoir prendre un rickshaw… T’es pret à payer combien?”
• “100 roupies pour aller au centre ville; j’ai l’addresse de mon hotêl.”
• “Viens je t’emmenes, c’est sur ma route!”.

J’entre dans la voiture. Sympa ce type -je pense- qui me montrait les endroits touristiques sur le chemin du centre ville:

• “Là c’est le Temple (nom imprononcable), là c’est le parc qui mène au temple du Lotus, là c’est l’endroit où la voiture du politicien a explosé hier…”
• “HEIN !?”

Un attentat terroriste a été porté sur une voiture d’un politicien le 13 Février 2012; bien évidemment je suis arrivé le lendemain. Pour conséquence, la police est omniprésente dans la ville, fouillant toutes personnes transportant un sac ainsi que les voitures arrivant au centre… “Depuis l’explosion, les gens sont un peu effrayé de voir ce qu’il va se passer ensuite, et la police cherche partout les responsables” m’informe le conducteur. Au même moment, on se fait arrêter par un flic pour inspection. Il ouvre donc ma portière, me blablatte quelque chose en indien que je ne comprend évidemment pas et s’empare de mon sac. Et il l’ouvre en pleine rue, commencant à mettre à plat mes affaires pour les vérifier! J’interpelle -aimablement- “HOOoooo! Touches pas à ca bordel, c’est compressé à mort la-dedans et ca va me prendre 30 minutes à tout remettre dans mon sac!” Mon conducteur explique gentillement au flic que j’arrive tout droit de l’aéroport et que je suis “ok”; on peut passer tranquillement. Je remet mon sac en place et on dégage à la recherche de mon hotêl.

• “Il manque l’addresse”, me dit le conducteur…
• “Nan, nan c’est écrit là sur mon papier”
• “Ok mais c’est incomplet et je ne peux pas trouver cette addresse: ca correspond à une zone de résidences”.

Merde.

• “Bon… l’ami, tu connaitrais pas une auberge de jeunesse pas trop cher des fois?”.

Il m’emmène donc dans une agence de tourisme. Le type à l’intérieur de son agence me voit arriver et commence à sourire… Je sens que je vais me faire plumer.

• “Avec l’attentat d’hier, les hotêls n’acceptent plus personne de peur d’accueillir les responsables de l’explosion.”
• “Je comprend, mais moi je viens d’arriver et je suis un mec gentil!”.
• “Désolé mais je ne peux pas vous aider pour trouver un hotêl..”.
• “Bon, si je peux pas rester, je peux surement prendre un train pour une autre ville et revenir a Delhi plus tard… Où est la station de train?”.
• “Ha mais vous etes pas le seul à penser ca: les gens ont peur et partent, du coup tous les trains sont complet pour les 3 prochaine semaines!”.
• “Putain, je peux pas rester et je ne peux pas partir! Qu’est-ce que je peux faire?”
• “Je peux vous offrir un tour dans le Rajashtan: 7 jours pour 1200 dollars qui inclue…”, je ne lui laisse pas finir sa phrase:
• “Nan, nan ca ira merci, au revoir mec!”, en me levant et sortant de son agence.. Se fout de ma gueule ce type!

Mon conducteur - toujours à mes cotés et toujours super gentil (trop même) - me dit de ne pas m’inquiéter et que tout va s’arranger. J’aimerais bien voir ca…. Il me propose d’aller chercher un hotêl dans un coin plus calme que le centre ville et on se dirige donc vers un coin “plus tranquille”. Pas vu la différence sur la tranquillité mais soit, cherchons un hotêl. Tous complet. On se dirige alors vers une autre agence de tourisme, et là, la meme histoire revient… À cause de l’attentat d’hier: hotêls et trains sont complets, mais si je veux, je peux avoir un tour de x jours pour x euros. Rires nerveux.

• “Bon, désolé mec mais je te fais perdre ton temps: je ne veux pas de ton tour super-cher”, je me tourne vers mon conducteur -toujours à mes cotés… “Et toi aussi je te fait perdre ton temps: tu n’auras pas de comissions sur le tour que j’acheterais, vu que ca m’interesse pas!”.

À ce moment, mon conducteur surgit de sa chaise:

• “COMMISSION? MAIS QU’EST-CE QUE TU CROIS? QUE JE GAGNE DE L’ARGENT A ESSAYER DE TE TROUVER UN HOTEL?”

Il devient rouge et commence a devenir agressif envers moi, qui reste assis a regarder la scène. Il s’emporte et explique -en indien- au type de l’agence qu’il m’as emmené depuis l’aéroport au centre ville, m’as aidé avec le flic pour essayer de trouver mon hotêl et qu’il étais assez gentil pour m’ammener dans une agence de voyage -dont j’ai refusé la super offre- et qu’il m’ais ensuite emmené dans un endroit plus calme. Et qu’est-ce qu’il recoit en échange de ma part: le fait que je pense qu’il gagne une comission. Ne comprennant que dalle a son charabiat à ce moment, je lui dis que je m’excuse et que je voulais pas vraiment l’offenser…

• “Shut up!!” qu’il me sort, “Tu est un invité dans mon pays, je t’aide et c’est comme ca que tu me récompenses: en pensant qu’à l’argent, tu n’es plus dans ton pays maintenant, tu est en Inde et les Indiens aident les gens sans penser à l’argent!!”.
• “Bon, je voulais pas dire ca et voulais pas t’énerver…. Voilà tes 100 roupies, je comprendrais que tu me laisses et retournes à ton business”.

Mon conducteur ne sera dorénavant plus mon conducteur, car il attrape les 100 roupies et se barre en claquant la porte. Je me tourne vers le type de l’agence. Seul dans son office; pas d’hotêl pour rester a Delhi et pas de train pour dégager de cette ville de fou. Il fait chaud et j’ai faim.

• “Combien de jours tu veux rester en Inde?” me demande t-il.
• “Environ 2 mois, après j’espere aller au Népal”.
• “Ok, et tu as une idée de ton itinéraire, des villes ou endroits que tu veux visiter?”.
• “Vaguement ouais”, je lui montre quelque villes sur sa carte de l’Inde, sous la plaque transparante de son bureau.

Il sort une feuille de papier, un stylo et commence une liste de villes.

• “Voilà ce que je te propose: 14 jours dans ces villes. Hotêls deluxe incluant petit-déjeuner et tickets de train comprit… 1150”.
• “Roupies? Ouais ca vaut le coup!!”, j’étais content de voir que l’Inde était en effet pas si cher que ca.
• “HAHAHAHAHA!! Nan, nan, pas roupies…. Euros!”.

Je rigole avec lui…

• “Je crois pas que tu ais compris… j’ai pas assez d’argent pour me payer ce tour; j’ai un budget à respecter!”
• “Combien?”, me sort-il avec un léger sourire.
• “maximum 1000€/mois”.
• “Ok, je vais voir ce que je peux faire pour toi…” dit-il en sortant de son office et se dirigeant vers celle de son boss.

Pendant qu’il explique la situation avec son chef, un thé arrive pour moi. Mon premier thé Indien, et ma premiere boisson depuis mon trajet en avion. Je déguste la boisson chaude en me demandant bien ou j’ai pu attérir, qu’est-ce que je foutais dans cette ville de fou, et qu’est-ce qu’il fait chaud! Le vendeur de tours revient à son bureau.

• “Ok, alors on peut te faire une offre exceptionnelle”, sourire aux levres.

J’écoute ca soit-disant offre exceptionnelle:

• “20 jours pour 800€ dans le Rajhastan, incluant un safari dromadaire, tu iras voir le Taj Mahal et tu finis à Varanasi!”.
• “Ya moyen de baisser le prix, si je me prend pas le deluxe mais a la place d’hotêl, tu me mets des auberge de jeunesse?”.

Marchandage pendant 2 bonnes heures à son bureau sur les villes, les tickets de trains, le safari, ce qui est inclue et ce qui ne l’est pas. On s’arrange au final pour un tour a environ 700€ pour 20 jours, avec un billet de train final qui dure 2 jours (Varanasi - Chennai: 38 heures de trajet non-stop).

• “Tu verras beaucoup de villes dans le Rajhastan, et tu restes en dessous de ton budget. Il te resteras meme 200€ pour les 10 jours restant du mois, ce qui est suffisant. Tu comptes payer en espece ou en carte?”

J’attendais cette question avec impatiance… Avant de partir de Londres, j’ai ouvert un compte en banque dans une banque spécial. 0% de comission sur les retraits aux distributeurs, la questions ne se posaient donc pas.

• “En cash, j’ai juste besoin d’aller à la banque et de faire le retrait”.

Je me fait emmener en rickshaw à la banque du coin avec un collegue de l’agence de voyage. Me rapellant le processus de retrait effectué à l’aéroport, je met ma carte dans le distributeur, tape mon code et indique le montant. Malchance: pas assez d’argent dans ce distributeur; je retire ce que je peux et essaye un autre. Meme chose sur le deuxieme distributeur. Je m’exaspere et essaye un montant inférieur, CA MARCHE! Ok, il me reste plus qu’a retirer des petites sommes pour arriver au montant final. Au bout du deuxieme retrait, faut ENCORE changer de distributeur pour manque d’argent. Bon, j’en suis au troisieme et cette fois, j’ai un message d’erreur comme quoi je suis arrivé au montant maximum de retrait pour ma carte pour les 24 heures a suivre. Bordel, je suis obligé de revenir demain! Je retourne à l’agence expliquer la situation:

• “Bon, je suis allé à la banque et j’ai tiré l’argent, le probleme c’est que je peux tirer que l’équivalent de 300€/jours, ce que j’ai en cash maintenant, je te donnerais le reste demain”, dis-je en sortant mon portefeuille, découvrant avec stupeur….
• “PUTAIN J’AI OUBLIÉ MA CARTE DANS LE DISTRIBUTEUR!!”.

Je cherche mes poches, mon sac -réfléchit et non, maniere je n’avais pas mon sac avec moi, re-cherche mes poches, mon portefeuille: rien. Et la je repense au distributeur de l’aéroport, il était différent des autres par son processus de retrait. Les distributeurs de la banque un peu plus tot gardaient ma carte dans la machine alors qu’a l’aéroport je l’avais récupéré avant de commencer une opération. Dans mon esprit fatigué de la nuit, l’attentat, l’hotêl pas trouvé, le conducteur qui me gueule dessus, le manque de bouffe, etc… la carte était en sécurité dans mon portefeuille. Je retourne donc en vitesse à la banque. Évidemment, pas de carte à la machine. Je demande au garde si quelqu’un est venu se servir du distributeur entre ma sortie et mon arrivé: non. Chance! Ma carte est seulement bloqué dans la machine, je peux peut etre la récupérer par les gars de la banque! Je rentre donc dans la l’agence de la banque et demande si ils peuvent ouvrir la machine pour récuperer ma carte que j’ai oublié à l’intérieur.

• “On peut pas, les distributeurs nous sont fournis par un service externe à la banque et ils viennent dans 3 jours pour les ouvrir. Vous pouvez récuperer votre carte à ce moment la. Si vous ne venez pas, elle sera automatiquement détruite.”

Pas de chance, dans 3 jours je suis sensé etre dans une autre ville - si jamais je peux payer ce foutu tour. Je réalise que ma carte est donc perdue, et surtout que je n’ai plus de moyen de paiement. Retour à l’agence de voyage.

• “Comment t’as pus oublier ta propre carte dans la machine, t’es assez mature pour ne pas oublier ca quand meme” me sort le type de l’agence.
• “Oui bon, ca va! Trajet de nuit dans un avion sans dormir, j’ai pas bouffé depuis hier soir (il était au moins 5 heures de l’aprem’ à ce moment), cet attentat qui ruine mon arrivé, le chauffeur qui me gueule dessus, et maintenant CA!”

On me dit de me calmer. Un autre thé arrive, ainsi qu’une assiette de riz et du dal (sauce de lentilles)

• “Tiens manges, bois et repose toi quelques minutes”.

Engloutage du plat de riz en quelques secondes, je prend mon temps pour le thé chaud et réfléchir à la situation. Une carte est perdue, mais j’en ai une autre que je peux activer et utiliser dans les prochaines 24 heures. Apres tout, il n’y a pas mort d’homme. Enfin si, ils ont essayé mais ca c’était hier pendant l’attentat et ca a échoué…

• “J’ai une carte que je peux utiliser demain si je l’active aujourd’hui. Mais elle aussi aura un montant maximum de 300€ donc il te manquera 100€ si je pars demain après-midi”.
• “T’en fait pas pour ca: un hotêl à Bikaner te fera payer par marchine le reste de l’argent, active ta carte et va dans la chambre de notre hotêl te reposer, tu en a bien besoin…”

J’active donc ma carte sur internet, et vais finir cette longue journée en me dirigeant vers l’hotêl de l’agence. “Je viens de me faire avoir par une agence de voyage… ca n’arrive pas toujours qu’aux autres. Demain sera un autre jour” pensais-je.